Source : VAD et E-commerce
1 : La fraude aux paiements : Etat des lieux
Principal frein pour les consommateurs désireux
d’acheter sur Internet, la fraude aux paiements en ligne, comme
l’insécurité, n’est pas qu’un « sentiment ».
En France, entre 2006 et 2010, le montant total des fraudes aux paiements (retrait, paiements à distance, paiements de proximité) est
passé de 110 à 164 millions d’euros.
Sur les paiements à distance (internet, courrier et téléphone), les
montants de la fraude sur la même période sont passés de 33 à 101
millions d’euros.
Concernant les paiements sur Internet, les montants des paiements
frauduleux sont passés de 13 à 74 milliards d’euros.
Telle est la vérité des chiffres issus du Rapport annuel 2010 (paru en
juillet 2011) de l’Observatoire de la sécurité des Cartes de Paiement.
Peut-on cependant se contenter de ce constat pour le moins alarmiste ?
Selon nous, ces chiffres sont par trop réducteurs.
En effet, livrés ainsi, ces statistiques masquent une
partie de la réalité : celle de la transformation profonde des échanges
et de la sécurité réelle des transactions réalisées en ligne. Un examen plus détaillé de ces chiffres, et l’adjonction
d’autres données (issues des rapports annuels de la Fevad) à
l’équation, nous permet de modifier le prisme au travers duquel ce
constat doit être lu : le prisme commercial.
Tout d’abord, rappelons que le montant des transactions à
distance, et des paiements afférents, a littéralement explosé entre
2006 et 2010, passant de 18,6 à 36,2 milliards d’euros.
Cette explosion s’est accompagnée d’une inversion complète de tendance
entre la VAD traditionnelle (courrier et téléphone) et le commerce en
ligne (Internet). Leurs chiffres d’affaires respectifs sont passés, sur
le période, de 7 à 5,2 milliards d’euros (VAD) et de 11,6 à 31 milliards
d’euros (e-commerce).
Toujours entre 2006 et 2011, le montant de la fraude au paiement sur
internet est passé de 13 à 74 millions d’euros (dans un marché en
croissance), tandis que la fraude sur la VAD classique passait de 20 à
27 millions d’euros (dans un marché en décroissance).
Et, globalement, le montant des fraudes sur la VAD
classique a évolué de 0,29% à 0,52% des montants totaux des paiements,
alors que pendant le même temps, le montant des fraudes sur les
paiements en lignes ne passait que de 0,11% à 0,24%. Donc, face à un quasi-doublement du chiffre d’affaires
généré par le commerce électronique, le taux de fraude (dans le rapport
CA / montant total de la fraude) a moins que doublé, alors qu’il
continue à croître (en volume et en proportion) sur des canaux qui
génèrent de moins en moins de CA.
La conclusion est donc évidente : les transactions
électronique restent plu sûres que les transactions par courrier et par
téléphone.
Il n’en demeure pas moins que, même s’il est impossible de parvenir au
« zéro fraude », l’objectif des VADistes (par la mise en place de
systèmes de sécurisation des transactions), des pouvoirs publics (par la
mise en place de réglementations adéquates) et des consommateurs (par
des comportements plus « sécuritaires ») doit être de diminuer ces
« mauvais chiffres ».
Typologie de la fraude
Comme pour toutes les années précédentes, l’usurpation
de numéro de carte demeure toujours la première technique de fraude sur
Internet (voir graphique ci-contre).
Cette tendance, désormais lourde puisque cette typologie de fraude
représente pour 2010, 60% de la valeur de l’ensemble des fraudes à la
carte constatées, intéresse au premier plan les e-commerçants et les
VADistes. En effet, ce type de fraude, comme le relève le rapport est
utilisé « pour les paiements frauduleux à distance ».
Nous sommes bien ici face au revers du succès de la vente à distance :
plus de ventes, donc, plus de fraudes...
2 : La sécurisation des paiements sur Internet : État de l’Art
2010 aura essentiellement été l’année des bilans,
notamment en ce qui concerne l’efficacité et l’ergonomie des solutions
d’identification non rejouable, dont l’Observatoire de la sécurité des
cartes de paiement avait recommandé « la généralisation progressive
(...) pour les paiements sur Internet à chaque fois que cela était
possible et pertinent, afin de permettre au commerçant d’être assuré de
l’authenticité de la carte et du porteur, ainsi que du consentement de
celui-ci ».
Il n’en reste pas moins que la sécurité des paiements sur Internet
nécessite une triple vigilance : de la part des banques, de la part des
commerçants, et de la part des consommateurs.
Des banques qui « jouent le jeu »
La recommandation de l’Observatoire a été suivie d’effet
en 2010, puisque la quasi-totalité des banques ont achevé le
déploiement de ces dispositifs en juin 2010.
Notons que parmi les solutions envisageables pour la mise en place d’un
dispositif d’authentification non rejouable (mail, token, lecteurs de
cartes...), c’est le SMS qui a recueilli le plus de suffrages.
Des commerçants « en attente »
L’Observatoire note, au sujet des e-commerçants, que
« le déploiement des dispositifs d’authentification reste limité mais
devrait être plus visible en 2011 ».
En effet, seuls la moitié des e-commerçants est actuellement équipée de
dispositifs d’authentification du porteur de carte lors du paiement (de
type 3D-Secure). Mais il convient de noter que ce ne sont que très
rarement (voire jamais) les plus importants en terme de chiffre
d’affaires, puisqu’ils ne représentent qu’environ 10 % des transactions
et 15 % du chiffre d’affaires.
L’Observatoire a mené un certain nombre d’études sur cet
attentisme. Dans les faits, il ressort de ces enquêtes que « les
commerçants considèrent que cette technologie n’est pas à ce jour assez
mature pour être généralisée, et qu’une démarche de mise en œuvre
progressive et proportionnée, basée sur une approche par les risques,
est à privilégier afin de lutter efficacement contre la fraude sans
pénaliser le développement du commerce en ligne en France ».
Logique : le coût et la complexité technique du déploiement de ces
dispositifs a freiné les ardeurs des plus petits...
Des consommateurs sereins
Le consommateur est en quelque sorte la clé de voûte du
système de sécurité des transactions. En complexifiant les systèmes de
sécurité des paiements en ligne, le risque était grand d’assister à une
explosion des abandons de paniers. Cela ne semble pas avoir été le
cas...
En préambule, notons que les Français font confiance au
paiement en ligne : 77% d’entre eux n’éprouvent pas d’inquiétude en
réalisant un achat sur Internet avec leur carte bancaire, même si « une
légère appréhension peut subsister ». Détail intéressant : « les
personnes ayant déjà utilisé au moins un système d’authentification se
montrent moins inquiètes que la moyenne : elles ne sont que 19 % tous
systèmes confondus, et même 17 % en cas d’utilisation d’un système
d’authentification forte27, à se dire inquiètes contre 28 % des
personnes n’ayant jamais utilisé le moindre dispositif
d’authentification ».
Pour s’en assurer, l’Observatoire a fait mener une étude
quantitative par l’institut de sondage Harris Interactive auprès de 1
000 personnes de 16 ans et plus résidant en France métropolitaine. Cette
étude avait notamment pour objectif de déterminer la perception que les
acheteurs en ligne avaient des six principaux systèmes
d’authentification :
– saisie de la date de naissance comme identifiant de l’acheteur ;
– réponse à une question secrète ;
– saisie d’un code d’authentification envoyé par la banque par SMS et unique à chaque transaction ;
– saisie d’un code d’authentification généré par un mini-lecteur de carte fourni par la banque du porteur ;
– saisie d’un code d’authentification unique généré par un token ;
– utilisation combinée d’une carte matricielle et d’un second code reçu par e-mail ou SMS.
Les résultats de cette enquête font apparaître des tendances lourdes :
80% des acheteurs en ligne connaissent l’existence de ces dispositifs,
ce taux montant à 86% chez les acheteurs en ligne régulier (un achat par
mois et plus) ;
moins de la moitié des cyberacheteurs (46%) a cependant été informé par sa banque de ces dispositifs de sécurisation ;
une fois la première utilisation effectuée, les acheteurs en ligne les considèrent faciles à utiliser (seuls 10 % d’entre eux considèrent les dispositifs d’authentification forte difficiles à utiliser.
moins de la moitié des cyberacheteurs (46%) a cependant été informé par sa banque de ces dispositifs de sécurisation ;
une fois la première utilisation effectuée, les acheteurs en ligne les considèrent faciles à utiliser (seuls 10 % d’entre eux considèrent les dispositifs d’authentification forte difficiles à utiliser.
A noter que les mini-lecteurs de carte et les cartes
matricielles sont désignés come les plus complexes d’utilisation, mais
ils sont également les moins répandus...
Globalement, donc, les dispositifs d’authentification
sont connus et ne font pas peur aux consommateurs. Les craintes que nous
relevions donc il y a un an, exprimées par nombre de e-commerçants,
relatives aux risques d’augmentation de l’abandon des paniers, ne
semblent donc plus fondées...au moins pour les plus aguerris des
cyberacheteurs. Une tendance que vient confirmer le rapport de l’Observatoire.
L’absence de pénalisation des ventes
Cette question fut l’objet de nombreux débats : le
renforcement de la sécurisation des transaction en ligne, et
l’alourdissement des processus d’achat qui en découlerait
nécessairement, ne risquaient-ils pas d’entraîner de nombreux abandons
de paniers en cours de paiement.
L’enquête de l’Observatoire fait en effet apparaître deux tendances
complémentaires.
D’une part, les internautes ne jugent pas les
dispositifs handicapants dans la mesure où le sentiment de sécurité des
transactions en ligne se trouve, pour 76% d’entre eux, renforcé. Ce
sentiment est très important (97%) pour les solutions de sécurisation
complexe comme le token, mais également pour des dispositifs plus
simples comme l’envoi d’un code confidentiel par SMS (94%).
D’autre part, les internautes considèrent la sécurité
des transactions comme un argument commercial particulièrement efficace.
En effet, l’enquête note que 19 % des internautes interrogés
« déclarent que ces nouveaux dispositifs sont susceptibles de les amener
à acheter davantage sur Internet. », tandis que 17 % déclarent « qu’ils
feront leurs achats exclusivement sur des sites d’e-commerce présentant
un tel dispositif et 54 % qu’ils les favoriseront, même s’ils pourront
continuer à acheter sur un site n’en proposant pas ».
En revanche, 28 % déclarent qu’ils ne prêteront pas une
attention particulière à la mise en place ou non de ces dispositifs sur
les sites qu’ils fréquentent... Comme quoi, finalement, le cyberacheteur
est peut-être le maillon faible dans la chaîne de la sécurité des
transactions en ligne.
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